Mavence fêtera ses 10 ans en 2022. Un évènement important dans l’histoire de notre cabinet qui s’est récemment agrandi avec l’ouverture en février dernier de son bureau parisien. L’occasion d’échanger avec Jason Descamps, fondateur de Mavence et Directeur général France, qui revient sur sa création autour d’une approche inédite du recrutement.

Racontez-nous d’où est venue l’idée de créer un cabinet de recrutement spécialisé dans les Affaires publiques ?

Il y a 30 ans déjà, mon père, infirmier de formation et aujourd’hui civil au sein du SHAPE (Supreme Headquarters Allied Powers Europe de l’OTAN) avait cherché à créer un partenariat avec une entreprise belge leader du recrutement, à Anvers pour externaliser le recrutement de personnel soignant sur la côte Est des États-Unis.

L’histoire de Mavence, c’est avant tout celle de mon parcours et des rencontres qui m’ont été données de faire au cours de ma carrière en entreprise. En 2010, je finissais ma formation par un Master en Études européennes à l’Université Saint-Louis après 5 années d’étude en Relations publiques et Relations internationales à l’Université Catholique de Louvain. Passage obligé de tout étudiant, je préparais mes dossiers pour la réalisation d’un stage dans les circuits européens de Bruxelles. À cette occasion, j’ouvrais la boîte noire du recrutement en découvrant que bien souvent ceux-ci n’étaient pas rémunérés et qu’obtenir une réponse à ses candidatures, fût-elle négative, relevait de l’exploit.

Un épisode m’a particulièrement marqué lors de la série d’entretiens que je réalisais dans ce cadre : je venais d’être reçu par une Direction pour un poste à pourvoir dans un de leurs services, et la personne qui m’entretenait n’avait pas la bonne fiche de poste. De fait, l’ensemble des questions qu’elle me posait n’était en rien lié à l’offre à laquelle j’avais répondu.

Aujourd’hui, je suis fier de travailler main dans la main avec ces professionnels qui n’ont pas le temps de recruter ni de penser à l’humain derrière une candidature, et d’être le garant d’un processus bien ficelé.

 

La vitalité des capitales européennes et les besoins en recrutement toujours plus pointus sonnent-ils les limites de l’action du RH en organisation ?

Les RH ont besoin d’être soutenus dans leurs activités. Cette première expérience de la bulle européenne m’a montré que le RH, s’il exerce dans l’organisation, peut être dépassé par la structure dans laquelle il officie (NDLR : en deçà des 30 employés, le RH est externalisé – soit la grande majorité des lobbies européens). Cette situation était révélatrice d’une problématique plus profonde qui concerne aujourd’hui un grand nombre de professionnels du secteur : les missions annexes des directions des ressources humaines vampirisent leur temps et relèguent le recrutement à l’arrière-plan.

Dans notre activité de chasseur de talents en Affaires publiques, nous sommes amenés à travailler avec des structures sans RH, avec des RH hors site voire parfois avec les équipes de sourcing de nos clients ayant des difficultés à identifier les bons profils. Dans les rares cas où nos clients ont leurs propres équipes de chasseurs de têtes en interne, la faible fréquence des recrutements en Affaires publiques, liées à des équipes petites et/ou éclatées à travers différentes régions, rend leur tâche compliquée : ils n’ont en effet pas les réseaux et la lecture du marché d’un acteur dont c’est le job à plein temps.

 

C’est cette motivation qui vous pousse à lancer EARS en 2013 ?

C’est un cheminement progressif qui me conduit à créer ma structure, d’abord nommée European Affairs Recruitment Specialists (EARS). Je garde en mémoire la réalité du marché de l’emploi à Bruxelles en 2010, après la crise économique. Je débutais dans mon premier poste au sein d’un cabinet de recrutement IT et lors de mon entretien, mon superviseur m’interrogea sur mes motivations à y faire carrière. Déjà, c’était l’idée d’ouvrir mon propre cabinet au sein d’une niche encore peu explorée par la concurrence, qui guidait ma carrière professionnelle. Quelque temps après, je rejoignais Robert Walters, un grand nom du recrutement mondial, qui me confiait un portefeuille de clients à faire grandir. La révélation était sans appel, j’aimais l’approche de ce métier et le premier contact avec le client, tout comme l’enivrement que procure la réussite d’un recrutement bien conclu.

L’évolution naturelle des choses fait qu’en 2013, je lance EARS dont le nom renvoie à la fois à notre écoute des gens, candidats ou clients, ainsi qu’à notre écoute du marché, étant au cœur même du quartier politique européen à Bruxelles où des noms et des recommandations nous sont faites au quotidien. L’aventure entrepreneuriale débute et, avec elle, je dévore le registre du groupe Dods qui répertorie des dizaines de milliers de contacts à Bruxelles en affaires européennes. Rapidement, je commence à travailler avec des clients en multinationales, dont Euronews, Amway, et le Secrétariat général de Caobisco, le lobby européen du chocolat et de la confiserie.

C’est à partir de 2016 que je suis rejoint par des conseillers externes venus du secteur de la représentation d’intérêts pour appuyer nos activités qui rencontrent chez nos clients un écho très positif autour d’une spécialité duale, le recrutement et les affaires européennes.

 

EARS, puis Mavence : pourquoi avoir renommé le cabinet ?

L’évolution du cabinet répond à une transformation de notre approche du recrutement pour nos clients. Le monde des affaires publiques et des relations institutionnelles répond à des codes qui lui sont propres, et nos clients recherchent des profils d’experts capables de penser des plans stratégiques multicanaux dans des secteurs pluridimensionnels.

C’est sur ce constat que le cabinet fait évoluer son offre autour d’un triptyque inédit : faire du recrutement, en affaires publiques, par des professionnels des affaires publiques.

Là où de nombreux recrutements sont aujourd’hui déshumanisés en raison de leur digitalisation, cette approche d’un recrutement réalisée par des professionnels du secteur qui valorise la proximité, le contact et l’échange, est un marqueur différenciant et novateur. Notre ambition à travers cette démarche est de recréer du lien entre les organisations et les candidats pour mieux incarner les fonctions qu’ils y auront à occuper.

Alors qu’Anna Koj, aujourd’hui Directrice de notre bureau de Bruxelles, me rejoint, nous structurons nos équipes autour d’experts à Bruxelles issus de la sphère des affaires publiques européennes. Ils sont aujourd’hui au nombre de onze et présentent des spécialités diverses, autour des problématiques de santé, d’énergie, du numérique…

Ainsi naît le concept de recrutement d’experts à experts, en anglais, un Maven. J’ai rebaptisé l’entreprise en Mavence pour en tirer le concept et l’essence : le recrutement de lobbyistes par des lobbyistes facilite l’accès aux réseaux importants de candidats, donne l’assurance et la crédibilité pour représenter clients et candidats et la capacité de jauger le niveau d’adéquation entre certains profils et un poste à pourvoir, au sein d’une organisation donnée.

 

Pourquoi les cabinets de recrutement généralistes ne sont pas équipés pour identifier ces profils d’experts ?

Je n’ai jamais cru, même lorsque j’étais consultant au sein d’autres cabinets, en cette approche qui voudrait que sans avoir exercé au sein des fonctions pour lesquelles vous recrutez, vous puissiez maîtriser les aboutissants de ces métiers – surtout dans un marché aussi spécifique que les affaires publiques. Et lorsqu’un client vous mandate pour une chasse de têtes, le travail de prise de connaissance du secteur de l’organisation, des particularités des postes, des responsabilités, des achievements, des risques d’échecs et de frustrations liés aux missions, et la préparation du dialogue avec les candidats et les directions en recherche, sont d’autant plus complexes que ces étapes cruciales ne doivent pas être survolées. L’absence de pratique de ces métiers rend la discussion quelconque et de facto non efficiente.

Cette passion pour mon métier et pour mon entreprise reste le fruit de mon expérience. Je l’entretiens et la chéris religieusement, et m’appuie sur de vrais experts, nos consultants, autour desquels je coordonne la réponse aux attentes et aux besoins de nos clients.

Avec elle, un nouveau chapitre s’ouvre à Paris autour d’Antoine Lefranc et Thomas Grandmougin, lesquels ont tous deux occupé des fonctions à responsabilité dans les affaires publiques françaises, dans l’industrie, en fédérations, en conseil ainsi qu’en ONG et philanthropie… Connaissant les arcanes politiques et réglementaires françaises, ils gravitent au quotidien autour d’une série impressionnante de talents, qu’ils conseillent et aiguillent sur le chemin de leur carrière. En route !