Ressources humaines, comptabilité, juridique, affaires financières, communication… Ces départements sont communs à l’ensemble des organisations. Ils servent à son bon fonctionnement et, en interne comme à l’extérieur de la structure, chacun saura se faire une idée des missions que remplissent les collaborateurs qui y évoluent. Mais lorsqu’il s’agit d’évoquer les Affaires publiques, la tâche est plus ardue.

À quelle direction les rattacher ? Comment sont-ils profitables ? Que font-ils réellement ? Autant de questionnements qui doivent nous interroger sur la place des Affaires publiques dans la performance d’une organisation, sur les modalités de son évaluation et sur la structuration d’une équipe dédiée à la représentation de ses intérêts.

En matière d’Affaires publiques tout comme en sport collectif, c’est la somme des forces cumulées qui mène à la victoire. Un bon recrutement est un atout indéniable de la performance d’une organisation. Il ne saurait pour autant se suffire à lui-même. De par cette fonction, le professionnel doit être en phase avec l’ensemble des métiers, au fait de la stratégie générale et des objectifs de sa structure.

Une passerelle permettant des développements efficients

Les Affaires publiques, un secteur méconnu ? Esprit analytique, expert du suivi des politiques publiques et fin technicien de la légistique… le rôle que remplissent les professionnels est double : ils éclairent la décision des autorités politiques en mettant en exergue certaines spécificités ou « réalités de terrain » qui leur seraient invisibles ; ils sont également, pour leur organisation, les « rapporteurs » des grandes tendances à venir, qu’elles soient politiques ou sociétales.

Leur position d’intermédiaire permet de faire entendre une pluralité de voix et de concourir à la prise en compte de tous les paramètres dans la définition de l’intérêt général. Il leur revient donc d’être les conseillers stratégiques des dirigeants d’une organisation dans leur approche des relais d’opinion (grand public, influenceurs, ONG, associations, médias…) et des décideurs publics.

S’il s’agit là d’une mission structurante pour tout professionnel, ses compétences s’étendent bien au-delà du porte-parolat de sa structure. Ainsi, déployé en interne, le discours du professionnel des Affaires publiques vise à expliquer les orientations stratégiques de l’organisation tout en créant des synergies qui donnent du sens aux relations interservices et cimentent leur performance.

En somme, les Affaires publiques sont un « pont » qui, une fois placées au cœur de l’organisation qu’elles représentent, promeuvent l’organisation, ses valeurs, ses talents, et préviennent tout écueil qui contreviendrait à la réputation de la structure et de ses collaborateurs (ex : greenwashing, fausses promesses…).

Un projet réfléchi pour une structuration interne mûre

Le lobbyiste est, de par sa fonction, l’un des éléments de restructuration et de cohésion interne. Mais l’individu, aussi bon soit-il individuellement, s’essouffle puis se lasse s’il n’est pas soutenu dans sa quête de performance. Dans un contexte de grande démission, le recrutement et le maintien de ses talents en poste seront parmi les challenges à relever en 2023.

Pour cela, la clé est d’associer à l’attrait pour l’organisation, les moyens pour qu’il puisse y performer. Les deux allant de pair ! Encore trop nombreuses sont les structures qui décident de se doter d’un professionnel des Affaires publiques sans pour autant y être acculturé.

Les schémas sont d’ailleurs souvent les mêmes. Soit un besoin d’un professionnel devient urgent. Soit – et la création du registre HATVP a ouvert des opportunités en ce sens – une organisation observe que l’un de ses concurrents vient de recruter un représentant d’intérêt et cherche à son tour à se doter d’un tel professionnel.

Dans les deux cas, l’organisation recrute sans avoir pris le temps de réfléchir à son intégration à la structure. À terme, le talent aura du mal à trouver sa place et sera contraint de définir son poste par lui-même. Une situation qui entraînera une forte déperdition d’énergie : il faudra convaincre en interne contre des forces contraires, parfois même récalcitrantes à ces initiatives perçues comme une concurrence de leurs services.

Ce mauvais onboarding aura pour conséquence une probable démission du collaborateur. Pour l’organisation, il s’agira de se lancer dans un nouveau recrutement dans l’urgence – voire d’abandonner – l’intégration d’un tel talent dans ses effectifs. Il en résultera une perte de temps, d’argent, de motivation et de notoriété dans le secteur.

Un investissement bien anticipé pour des performances assurées

Comme tout projet de développement, l’arrivée d’un professionnel des Affaires publiques ne peut se faire sans avoir préalablement défini les raisons qui motivent cette arrivée. Les questions devant être posées sont simples, mais les réponses ne sont pas toujours évidentes à faire émerger. Pour le collaborateur, il s’agira de connaître les objectifs à atteindre – tant pour la mission que pour le stimuler – tout en ayant pensé à l’organisation hiérarchique interne à laquelle le talent devra référer.

Sans qu’il n’y ait de recette miracle et quand bien même cela est différent en fonction des organisations, des objectifs, des moyens… ce dernier doit avoir une vue générale sur l’activité et doit pouvoir interagir avec un poste transverse en capacité de décider.

Enfin, la performance de celui-ci doit être mesurée. Loin d’être un frein à la motivation des salariés, une mauvaise performance entrave leurs engagements. Il est donc toujours souhaitable de porter un regard réflexif sur la conduite de cette activité en mettant en place un audit de performance – préalable à toute éventuelle réorientation des projets.

La performance peut être visible à plusieurs égards, mais reste trop peu mesurée par les organisations. Elle est pourtant un moyen d’assurer et de mesurer sa bonne rentabilité, mais également de forger un couple gagnant-gagnant entre l’organisation et le collaborateur dont les trajectoires s’inscrivent au gré de victoires.

Roxane Perrault-Fournier, Directrice générale de Mavence France